Les transferts sont sans aucun doute le volet du football qui suscite le plus de réactions. Lesdits transferts s’accompagnent régulièrement de commissions pour les intermédiaires impliqués dans les transactions. Toutefois, il arrive que les commissions se transforment en retrocomissions en raison de dirigeants de clubs qui souhaitent toucher un pourcentage des transferts par des voies non légales. Mais au final, qu’est-ce qu’une rétrocommission ?
Concrètement, une rétrocommission est une pratique qui consiste, pour le club acheteur à offrir plus (d’argent) que nécessaire, pour ensuite récupérer à son profit de la part de l’intermédiaire une partie des sommes engagées. Concrètement, il peut s’agir de la part d’un dirigeant de club d’acheter un joueur au prix de 35 millions d’euros au lieu de 25 millions d’euros afin d’en récupérer une partie grâce à un intermédiaire ou agent de joueurs avec qui il entretient une relation particulière. Nedad Petrovic, ancien agent et dirigeant de la Belgian Federation of Football Agents, précise : “La rétrocommission, c’est quand on augmente la valeur d’un joueur. L’agent aura par exemple deux fois plus de commission. Il va ensuite rétrocéder une partie de cet argent à des intervenants du deal ou à un dirigeant via une société située dans un paradis fiscal.“
Surévaluation du joueur
Par exemple, le club A souhaite vendre un joueur à un club B. Il estime que ce joueur vaut 4M€. Le Club A s’arrange pour augmenter la valeur du joueur de 1M€. Le joueur est donc vendu 5M€ au club B. Cette différence est payée en commission à l’agent qui va rétrocéder une partie de l’argent à un ou plusieurs dirigeants qui font partie du deal.
Reste à savoir si le club B est conscient qu’il paye plus cher et participe à la combine. Certains clubs le savent et l’acceptent. D’autres refusent alors la transaction. Par contre, dans certains cas, l’agent va trouver un accord pour rétrocéder une partie de sa commission au dirigeant du Club A et au dirigeant du Club B. Tout le monde est alors impliqué.
Une pratique illégale ?
Oui et non. La pratique est légale lorsqu’une commission est déclarée au fisc. Cela se fait alors régulièrement et en toute transparence. Par contre, la transaction est illégale lorsque la commission n’est pas déclarée. C’est le cas généralement lorsqu’elle est destinée à un dirigeant et versée en cash ou en partie dans un paradis fiscal. Elle échappe ainsi au fisc belge. Il y a, dans ce cas, corruption active et fraude fiscale. On se souvient par exemple de l’inculpation de l’agent belge Christophe Henrotay, qui était soupçonné d’avoir “versé de l’argent à certains intervenants pour faciliter des transferts de joueurs ou en guise de remerciement dans le cadre des transferts réalisés avec Anderlecht (Le Soir). On se souvient également de l’affaire qui avait secouer les dirigeants de l’OM suite à des soupçons des enquêteurs concernant des rétrocommissions au bénéfice d’intermédiaires dans le cadre de nombreux transferts (André-Pierre Gignac de Toulouse à l’OM en 2010, Morgan Amalfitano de Lorient à l’OM en 2011, Souleymane Diawara de Bordeaux à l’OM en 2009) effectués dans la cité phocéenne.
Le phénomène des retrocommissions, devenu monnaie courante, dans les transactions, pourrait connaître un certain recul avec la nouvelle réglementation FIFA sur les agents de joueurs. L’instance en charge du football mondial semble s’être inspiré de l’Angleterre où il existe au sein de la FA une caisse pécuniaire des agents de joueurs. Ce système permet de faire transiter toutes les rémunérations des intermédiaires par la Fédération. La Fédération sait ainsi d’où vient et où va la rémunération.