Revenir en haut

close

La nouvelle règlementation FIFA remet de l’ordre chez les agents de joueurs

Romaric ETONG

Lundi 9 janvier 2023 sonnera comme un nouveau départ pour les agents de joueurs. En effet, la FIFA mettra en application son nouveau règlement pour « un système de transferts plus juste et transparent ».

Ce lundi, le nouveau règlement de la FIFA relatif aux agents de joueurs entrera en vigueur avec en prime la réintroduction d’une licence, l’interdiction de la pluri-représentation et le plafonnement des commissions, a annoncé la Fédération internationale ce vendredi. Cette nouvelle réglementation a été adoptée par le Conseil de la FIFA en décembre dernier à Doha « une étape décisive […] dans la mise en place d’un système de transferts plus juste et transparent dans le football ».

« Le règlement permet d’instaurer des normes minimales pour encadrer la fonction d’agent et les services fournis aux clients, avec notamment la création d’un système d’émission de licences obligatoires, l’interdiction de la pluri-représentation afin d’éviter les conflits d’intérêts ou encore le plafonnement des commissions des agents », a précisé dans un communiqué la FIFA, qui espère ainsi « renforcer la stabilité contractuelle, protéger l’intégrité du système des transferts et parvenir à une plus grande transparence financière ».

La FIFA a mis sur pied un département Agents qui sera en charge de la gestion des procédures relatives aux litiges impliquant des agents de football décidés par la Chambre des Agents du Tribunal du Football de la FIFA et les demandes de licence pour devenir et rester un agent licencié de la FIFA.

La nouvelle licence FIFA

La procédure d’obtention d’une licence d’agent FIFA cette fois-ci sera effective à partir de lundi mais « une période de transition est prévue concernant l’obligation de faire appel exclusivement à des agents titulaires d’une licence ainsi que le plafonnement des commissions, qui entreront en vigueur au 1er octobre 2023 », a détaillé l’instance faîtière du football mondial.

Pour obtenir le précieux sésame, les candidats devront passer un examen d’une durée de 60 minutes au cours duquel ils devront répondre à 20 questions à choix multiples (QCM) au sujet du système des transferts et les réglementations FIFA. Il faudra obtenir un résultat supérieur ou égal à 75% de bonnes réponses pour avoir sa licence. Chaque postulant devra se munir de son propre ordinateur et de sa propre connexion internet. Il n’y aura pas de niveau scolaire minimum requis pour avoir le droit de passer ledit examen. Pas d’exception pour les avocats, comptables, anciens joueurs etc qui devront désormais obtenir leur licence pour pouvoir exercer. Les seules dérogations sont accordées aux personnes ayant obtenu une licence d’agent conformément aux dispositions des éditions 1991, 1995, 2001 ou 2008 du Règlement des Agents de Joueurs de la FIFA. Les épreuves d’évaluation seront disponibles sur le plan mondial en trois langues : l’anglais, le français et l’espagnol. Une fois la licence obtenue, le lauréat devra verser 600 dollars chaque année en guise de frais de licence avec en prime un accès à la plateforme des agents. Six documents serviront de base (sans être exhaustif) pour affronter l’examen : les Statuts de la FIFA, le règlement sur les agents, le code disciplinaire de la FIFA, le Code Ethique de la FIFA, le règlement du statut et du transfert des joueurs, le document sur la prévention en faveur des enfants: FIFA Guardians.

Enfin, le tout premier examen de la nouvelle version de la licence FIFA aura lieu le 19 avril prochain. La fenêtre d’inscription est débutera le 9 janvier et se terminera le 15 mars 2023.

Cette nouvelle réglementation est censée pallier le défaut de régulation encadrant la profession d’agent depuis la suppression des licences par la FIFA en 2015. En effet, de nombreuses dérives, comme la présence de faux-agents dans les transactions, ont été enregistrées ces dernières années. Conscient du problème, la FIFA étudie depuis 5 ans, une manière adéquate de mettre sur pied une nouvelle réglementation. Des associations membres, parties prenantes et organisations d’agents ont même été consultées pour trouver un équilibre dans le nouveau système. Jonathan Barnett a néanmoins démenti toute consultation par la FIFA. Depuis 2015, seules certaines fédérations contrôlent encore leurs compétences et leur activité, comme en France où les agents doivent passer un examen et où leur comptabilité peut être soumise depuis 2017 à la DNCG, le gendarme financier du foot.

Plafonnement des commissions

Le Centre international d’étude du sport (CIES) de Neuchâtel, en Suisse, avait ainsi dénoncé en 2018 « une situation de Far West en bas de l’échelle », avec une concurrence féroce entre intermédiaires, « et un haut niveau de concentration dans les segments des plus lucratifs », contrôlés par une poignée d’agents stars.

L’autre critique récurrente contre les agents concerne leur rémunération, principalement indexée sur le montant des transferts plutôt que sur le salaire des joueurs, les incitant à pousser au changement de club. On a tous à l’esprit les commissions faramineuses touchées par Mino Raiola sur le montant du transfert de Pogba de la Juventus à Manchester United en 2016 (49 millions d’euros, frais de représentation du joueur inclus, ndlr).

La FIFA entend mettre un terme à ce système avec un plafonnement des commissions fixé entre 3 % et 6 % du salaire annuel, si l’agent représente le joueur et/ou le club acheteur, et à 10 % sur les indemnités de transfert s’il représente le club vendeur. Une nouvelle qui avait fortement déplu aux agents qui l’avaient fait savoir via leur association The Football Forum. Ils menacent de déposer des plaintes dans différentes juridictions pour barrer la voix au plafonnement de leurs rémunérations. Ceci constitue, selon eux, une entrave à la libre concurrence. Les plus grands d’entre eux ne souhaitent en aucun cas voir leur position dominante sur le marché disparaître.