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Juventus : Moise Kean change d’agent

Moise Kean sera désormais représenté par la World Soccer Agency, l’agence d’Alessandro Lucci. Il rejoint l’un des agents les plus expérimentés d’Italie et qui s’occupe également des intérêts de Leonardo Bonucci, Juan Cuadrado, Filip Kostic, Dejan Kulusevski, Mattia Perin, Luciano Pisapia, Giovanni Garofani, Felix Correia et Marco Pjaca, tous pensionnaires de la Juventus. On peut d’ailleurs constater qu’il entretient de très bonnes relations avec la Veille Dame au regard des neuf joueurs qu’il représente. Il gère également Joaquim Correa, Edin Dzeko ou encore Luis Muriel. Kean était représenté jusqu’à présent par Enzo Raiola, le cousin du défunt Mino et l'avocate Raffaela Pimenta, connue pour son rôle dans le retour de Paul Pogba à la Juventus l'été dernier. Ce "transfert" de Kean pourrait avoir un effet direct sur son avenir. [caption id="attachment_8431" align="alignnone" width="269"] Enzo Raiola et Moise Kean[/caption] La Juventus, qui s’est fait prêté Kean par Everton pour 10 millions d'euros (avec obligation d’achat de 28 millions) pendant les deux dernières saisons, cherchait à le faire revenir de manière permanente. Kean était excellent avant la trêve imposée par la Coupe du monde, avec 5 buts sur les 5 derniers matchs. La Juventus peut donc acquérir Kean en fin de saison pour 28 millions d'euros, plus 3 millions d'euros de bonus. Si le nouvel agent de Kean, Lucci, est en mesure de proposer des offres supérieures à 30 millions d'euros, la Juventus pourrait vendre le jeune Italien dans la foulée. Lucci semble avoir convaincu l’ancien joueur du PSG à lui faire confiance pour lui trouver un nouveau point de chute.

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Goal Management enregistre une nouvelle arrivée

Goal Management a annoncé ce mercredi la signature d’Alex Collado (23 ans), le joueur du FC Barcelone actuellement en prêt à Elche CF jusqu’en juin 2023. L’ailier droit espagnol a mis un terme à sa collaboration avec Marc Sanllehy Reig de MSSports. https://twitter.com/fabrizioromano/status/1559127625494413312?s=46&t=VrY0yp-aBO5Vj2stJwp3NA En s’engageant avec Goal Management, Collado rejoint l’écurie de l’intermédiaire espagnol Albert Botines. André Onana (Inter Milan), Hector Bellerin (FC Barcelone), Pau Lopez (OM) ou encore Kiko Femenía (Villarreal) sont notamment représentés par cette agence. Alex Collado change ainsi d’agent à quelques jours du début du mercato d’hiver. https://twitter.com/robsonnunesmb/status/1605541655951589378?s=46&t=VrY0yp-aBO5Vj2stJwp3NA D’après Sport, l’Olympiakos et Sassuolo sont intéressés par son profil. À la recherche de temps de jeu, le joueur sous contrat jusqu’en juin 2024 au FC Barcelone envisage sérieusement de changer d’air dès le mois de janvier. Un prêt jusqu’à la fin de la saison est à l’étude. IMG_6383 https://twitter.com/sport/status/1605538574383841280?s=46&t=VrY0yp-aBO5Vj2stJwp3NA

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World Soccer Agency signe un nouveau joueur

World Soccer Agency (WSA) enregistre l’arrivée de Jesper Karlsson (24 ans) dans son écurie. L’ailier gauche de l’AZ Alkmaar souhaite donner un nouvel élan à sa carrière et rejoint donc l’agence d’Alessandro Lucci, l’une des plus cotée en Italie. Fondée en 2003, la WSA gère les intérêts de plusieurs stars du ballon rond comme Dejan Kulusevski (Juventus), Leonardo Bonucci (Juventus), Juan Cuadrado (Juventus) ou encore Edin Dzeko (Inter Milan). [caption id="attachment_8412" align="alignnone" width="300"] Jesper Karlsson sous le maillot de l’AZ Alkmaar[/caption] Jerser Karlsson quitte l’agence Nordic Sky (l’agence qui s’occupe notamment de Martin Ødegaard) après l’échec de son départ l’été dernier alors qu’il était courtisé par de nombreux clubs dont le Napoli. « Je voulais une chose et ils avaient un autre plan. Je suis professionnel et j'ai un contrat donc je devais écouter. J’aurais du dire ce que je voulais et ce que je ressentais » a-t-il déclaré dans les colonnes de Fotbollskanalen. Le PSV Eindhoven s’était également positionné mais sa signature chez WSA risque de le diriger plutôt vers la Serie A. https://twitter.com/oaccomando91/status/1605584467359199233?s=46&t=Zv3Riateld6Fs3vbpXkexA Reste à voir si le changement d'agent de Karlsson aura un effet sur la réalisation d'un futur transfert de l'AZ. Son contrat avec le club expire à l'été 2026.

Histoire des agents de joueurs

Manuel Barbosa, la finesse du premier agent FIFA

“Manuel Barbosa a été le premier agent FIFA au Portugal. Il a eu le mérite d'être innovant et visionnaire. Il était un exemple de par sa personnalité et pour la manière dont il défendait les intérêts de ses clients. Il a créé une profession et s'est toujours battu pour elle afin qu'elle ne disparaisse pas”, avait déclaré Artur Fernandes, président de l'Association nationale des agents de football (ANAF) au Portugal. Son décès le 20 mars 2014 à Cascais, à l’âge de 69 ans, était quasiment passé inaperçu. Et pourtant, Manuel Ferreira Barbosa est l’un des tout premiers agents FIFA de l’histoire. Du Portugal à la France, en passant par le Brésil, le sens des affaires de l’intermédiaire portugais n’a laissé personne indifférent. Retour sur son histoire. Manuel Barbosa est né en 1945 à Aveleda, une petite ville proche de Braga, au nord du Portugal. A sa majorité, il décide de rejoindre la France pour y trouver du travail. Après un an à enchainer de petits boulots dans le bâtiment, il trouve un nouveau point de chute dans une agence de voyage dirigée par un Espagnol. Une relation de confiance est née entre les deux hommes. Elle conduira le jeune Manuel à se voir confier, par le Catalan, les rênes d’une des antennes de l’agence à Paris. Manuel deviendra même par la suite le parrain de son fils. Parallèlement à son activité à l’agence de voyage, Manuel cherche à arrondir ses fins de mois. Il décide de s’occuper des démarches administratives (passeports, visas et autres documents) des immigrés. « Il se rendait à l'ambassade et aux consulats à Paris pour attirer des clients », raconte son fils, Rui Barbosa. Dans les années 60, près d'un million de Portugais ont investi l’hexagone. Au fur et à mesure, les files d'attente grandissent, les bénéfices aussi. Comme le précise un article du journal portugais SOL, Barbosa était très attaché à sa famille et accordait une grande importance aux valeurs de travail, raison pour laquelle il s’identifiait au Général de Gaulle et à Antonio de Oliveira Salazar, l’ancien Premier Ministre et Président par intérim de le République portugaise dans les années 50. Paradoxalement, ce sont les évènements de mai 1968 (manifestations étudiantes, grèves générales), connotées d'idéaux de gauche, qui lui ont donné la force financière de devenir son propre patron. Alors que les étudiants et près des deux tiers de la classe ouvrière protestent contre le régime de De Gaulle, une grève générale paralyse le pays. Les aéroports et les chemins de fer ferment, les déplacements sont limités. C'est le moment choisi par Manuel Barbosa pour mettre en place une flotte de voitures pour permettre aux Portugais de se déplacer. Une idée qui s'avère être une réussite et lui permet de racheter l'agence de voyages, entre-temps mise en vente. Il la rebaptisera Mercury, en référence à Mercure, le dieu du commerce et du profit dans la mythologie romaine. L’agence de voyage possède trois succursales à Paris. A partir de 1971, Mercury s’étend au Portugal où dix-sept antennes sont ouvertes avec le soutien du fondateur de la banque BIP et futur président de Benfica, Jorge de Brito. Jorge deviendra un de ses plus grands amis. Mais avant de retourner au Portugal, il souhaite lancer ses activités dans le football à Paris. [caption id="attachment_8407" align="alignnone" width="300"] Ancien président du Benfica[/caption] Ainsi, il parvient à attirer Benfica et le Sporting dans la capitale française en avril 1971, en réservant un cachet à chaque équipe. Eusébio, Simões, Torres, Humberto, Nené ou encore Artur Jorge sont opposés à Damas, Hilário, José Carlos, Peres et Lourenço au stade de Colombes. Plus de 40 000 personnes assistent au premier derby de Lisbonne organisé hors du Portugal et qui verra les Leões l’emporter 3-1. Au-delà du résultat, ce match amical constitue une belle publicité pour Mercury, même si le Portugais annonce des recettes en deçà du coup de l’organisation « Je n'ai ni regret, ni remords car j'ai eu une bonne exposition publicitaire, rempli toutes mes obligations et le match s'est déroulé à merveille », commente-t-il au journal A Bola. L'Équipe et France Football ont même consacré des articles à l’évènement. L'année suivante, le 2 avril 1972, Manuel Barbosa organise un match amical entre Benfica et le Bayern Munich au stade Yves du Manoir à Colombes, en banlieue parisienne. Le SLB s’impose 2-1 pour le plus grand bonheur de Manuel, fan du club. [caption id="attachment_8393" align="alignnone" width="282"] Eusebio et Franz Beckenbauer en 1972 lors du match amical entre le Benfica et le Bayern au stade Yves du Manoir.[/caption] Très proche du Benfica, Barbosa n’a cependant jamais négocié avec le Sporting. "Le Sporting n'a jamais voulu travailler avec moi", indique-t-il, dans une interview accordée à DN en 2008, dans laquelle il assume avoir "volé" Ricardo Gomes aux Leoes pour le mettre dans "son" Benfica. Il était également fier d'avoir « volé » Mozer au FC Porto mais il n'a pas arrêté de travailler avec le FC Porto pour autant. Au contraire, il a toujours déclaré son admiration pour le président des Dragoes “Il serait injuste de ne pas admirer l'œuvre du Général De Gaulle en France et je dis la même chose dans le cas de Jorge Nuno Pinto da Costa. Seul un dictateur libéral peut faire ce qu'il a fait dans ce club et personne ne m'empêche de reconnaître en lui un stratège super compétent. Je tiens également à dire qu'il ne m'a jamais fait défaut dans aucun accord, y compris ceux qui n'étaient pas écrits. Carolina Salgado a-t-elle détruit Pinto da Costa ? Ni Pinto da Costa ni l'ensemble des machines politiques n'ont pu le détruire”, a-t-il ajouté au cours de la même interview à DN. Barbosa n’avait pas non plus tari d’éloges pour Luís Filipe Vieira qu’il considérait comme un président courageux malgré le fait que selon lui "Il y a peu d'hommes d'affaires, il y a beaucoup de béquilles contrôlées par les clubs" Peu de temps après, Barbosa rentre au Portugal. Déjà père de deux enfants nés en France, il s'installe avec sa famille à Cascais, une station balnéaire située à l’ouest de Lisbonne. En ce qui concerne Mercury, l’activité s'étend dans tout le pays : Lisbonne, Braga, Montalegre, Arcos de Valdevez, Ponte da Barca et Ourém. Pour développer l'activité, elle a le soutien de la BIP, la banque fondée par Jorge de Brito en 1972 et qui, le 25 avril 1974, détient une bonne partie du capital de l'agence. Mais les choses se compliquent lorsque que le banquier est arrêté quelques mois après la Révolution des Œillets, accusé d'avoir transféré de l'argent à l'étranger sans autorisation de la Banco de Portugal. Au plus fort de la révolution, l'État a commencé à prendre le contrôle du BIP et, par conséquent, Manuel Barbosa a été écarté de l'administration du Mercury. Il essaie donc de regagner Paris mais six mois plus tard, il plie bagage et se rend au Brésil. « Il s'est installé au Copacabana Palace (à Rio de Janeiro, ndlr) et la grande aventure de sa vie a commencé là », rapporte Jorge Gama, embauché en 1974 par Mercury et invité à se lancer dans ce nouveau défi. Sans argent en banque et avec des liquidités uniquement pour les dépenses courantes, Manuel Barbosa profite de son séjour dans l'un des hôtels les plus luxueux de Rio de Janeiro "et de son discours optimiste" pour racheter "l'une des plus grandes agences de voyages" du Brésil. L'homme d'affaires convainc Banco Itaú d'investir en échange de l'hypothèque de l'entreprise. Gama se souvient d'avoir pleuré ce jour-là. « Manuel faisait des omelettes sans oeufs, c'était un visionnaire ». Avec un empire de succursales à travers le pays, l’étape suivante consiste à contacter la Confédération Brésilienne de Football (CBF) avec pour objectif d’organiser tous les voyages des sélections nationales. La CBF accepte la proposition et signe un contrat qui lie les deux parties. La connexion au football outre-Atlantique peut débuter. Toutefois, l'agence n'a pas le succès escompté. Jorge Gama explique qu'à cette époque « le Brésil a institué une loi qui oblige ses citoyens à déposer mille dollars sur un compte du gouvernement pour obtenir des passeports », ce qui décourage les voyages à l'étranger. L'objectif est de retenir l'argent dans le pays. La mesure intensifie le désir de Manuel Barbosa à quitter le Brésil pour retourner au Portugal. Trois ans après la perte du Mercury suite à une révolution qui bat de l’aile, Manuel réussit à en reprendre le contrôle. Dans la foulée, elle devient l'agence officielle de Benfica, un statut qu'elle conservera pendant 17 ans. Au début des années 1980, une nouvelle opportunité commerciale fait son apparition. Depuis son passage à Paris, Manuel Barbosa fréquentait Bruno Santos, le correspondant d'A Bola dans la ville lumière. Le journaliste suivait chaque année le Tour de France, et Mercury a même sponsorisé Joaquim Agostinho dans ses exploits sur les routes des Alpes et des Pyrénées. Bruno Santos était, quant à lui, un ami de João Havelange, le Brésilien qui a présidé la FIFA de 1974 à 1998. Et il connaissait très bien l'entraîneur Carlos Alberto Parreira qui était à la tête de l'équipe nationale du Koweït depuis 1978. Conscient de ce carnet d’adresses très fourni, Barbosa demande à son ami de lui présenter Parreira et propose aussitôt au technicien brésilien un stage au Portugal en guise de préparation pour la Coupe du monde 1982 qui aura lieu en Espagne. La proposition est tout de suite acceptée. Dans le même temps, il fait la même proposition à l'équipe brésilienne en échange d'être reconnu comme agent de voyage officiel de l'équipe. Ainsi, Zico, Sócrates, Falcão et compagnie posent les pieds à Guincho. C’était l’ultime publicité qu’il manquait à Mercury pour prendre son envol. Dans les années suivantes, Manuel Barbosa ajoute les Emirats Arabes Unis, le Qatar, l'Irak, l'Arabie Saoudite, Bahreïne et la Jordanie à son tableau de chasse. Le Moyen-Orient est conquis. « Le marché arabe a donné à Manuel une capacité financière très importante », souligne Jorge Gama, le principal interlocuteur lors de ces négociations. Ne parlant que Portugais et français, Barbosa n’était pas toujours au centre des discussions mais savait prendre les rênes des négociations quand il le fallait. Lors des stages, ils nouent des relations avec d’éminentes personnalités du Proche Orient. L’une d’entre elle était Fahed Al-Sabah, frère de l'émir du Koweït, avec qui il entretient des liens étroits. Les contacts avec Al-Sabah ont ouvert la porte au transfert de Quinito à Al Yarmouk (Koweit) en 1985, lors de la première incursion d'un entraîneur portugais dans des clubs du Moyen-Orient. Manuel Barbosa était rusé. Lors d'un voyage éclair d’un prince saoudien à Paris, il se démène pour lui proposer et boucler un stage. Avec très peu de liquidités en poche, ils empruntent de l’argent à des amis pour acheter des billets d'avion et louer une chambre au George V, un hôtel cossu de la capitale. Il applique la même stratégie que celle utilisée quelques années plus tôt au Copacabana Palace. Et ça fonctionne. L’homme d’affaires savait aussi être un bon samaritain. A l'époque, un employé d'une entreprise de bâtiment du Nord est détenu en Arabie Saoudite et Barbosa négocie l'autorisation de lui rendre visite à la prison de Damman. « Il n'avait encore reçu personne et Manuel s'y est rendu exprès pour pouvoir faire savoir à la famille comment il allait. Il y a souvent une idée fausse sur Manuel, mais il a fait ces choses sans rien attendre en retour ». Saddam Hussein lui joue un mauvais coup Dans les années 80, Manuel Barbosa organise un stage de l’équipe nationale irakienne de football au Portugal, au  camp d'entraînement de Cascais. Toutefois, les choses ne se sont pas passées exactement comme prévu. Saddam Hussein, président de la République de l’époque, ne souhaitait pas régler la dernière tranche à l’intermédiaire portugais. [caption id="attachment_8394" align="alignnone" width="300"] Manuel Barbosa lors d'un stage avec l'équipe nationale irakienne[/caption] Alerté de ce refus du règlement de la facture, Barbosa a pris une décision ferme : il a retenu leurs bagages, confisqué leurs passeports et appelé la police. « Si vous ne payez pas, vous ne partez pas non plus », les a-t-il prévenus. Les Irakiens n'ont pas attendu les autorités. Ils sont montés dans le bus et se sont réfugiés à l'ambassade de Lisbonne, en attendant le feu vert de Saddam pour régler leurs comptes avec Manuel Barbosa. C'était les années 80 et le tout-puissant président irakien restait inflexible, faisant un bras de fer à distance. L'homme d'affaires portugais n'a pas hésité. Le montant manquant n'était pas seulement destiné à couvrir la dernière tranche de dépenses, mais était également essentiel pour que l'entreprise réalise des bénéfices. La nuit était déjà tombée lorsqu'ils ont appelé de l'ambassade : ils avaient l'argent mais ils n'ont pas voulu payer par chèque ou virement bancaire. "Nous avons passé deux heures à compter des billets de cinq dollars qu'ils ont récupérés auprès de tout l'entourage", se souvient au SOL Jorge Gama, le bras droit de Manuel Barbosa, à l'époque dans l'organisation des stages sportifs. Début et ascension en tant qu’agent En tant qu’impressario, Fernando Chalana est le premier grand talent que représentera Manuel Barbosa. Malheureusement, l'expérience tourne court. Le courant ne passe avec la femme du milieu de terrain, Anabela. C’est un coup de fil à Gaspar Ramos, ancien directeur sportif et vice-président de Benfica qui fera exploser la nouvelle activité de l’homme d’affaires portugais. Benfica est en tournée aux États-Unis, en 1987, lorsque Manuel Barbosa compose le numéro de l'homme fort du football rouge. « Tu as déjà perdu Júlio César, mais j'ai une alternative, si tu veux » - dit-il à Gaspar Ramos, qui accueille l'information avec étonnement. [caption id="attachment_8398" align="alignnone" width="300"] Fernando Chalana, le premier joueur géré par Manuel Barbosa[/caption] Le club de Luz avait convenu il y a longtemps de la signature du Brésilien et il ne restait plus qu'à finaliser le contrat avec le joueur. Barbosa, entreprenant, suggère une autre piste : Carlos Mozer. C'était un vieux rêve de Gaspar Ramos. Il connaissait le défenseur central de Flamengo depuis qu’il avait 18 ans. A 27 ans, il faisait partie de la Seleçao et semblait être une piste impossible. « Mais, en raison des problèmes financiers de Flamengo, Manuel Barbosa m'a dit que cela pouvait arriver », se souvient l'ancien chef des Aigles, immédiatement enthousiasmé par l'idée. « Je préfère Mozer à Julio César, voyez combien ça peut coûter et dites-nous ensuite ». En quelques jours, l'affaire est conclue. Et Manuel Barbosa, qui représente déjà des joueurs comme Carlos Manuel ou Diamantino, a désormais ses portes ouvertes en territoire "rouge". Mozer, qui s'installe deux ans plus tard à Marseille avec un contrat d'un million de dollars, vient seulement d'apprendre la véritable histoire de son transfert en Europe. « Je ne le savais pas. Il a donné une nouvelle direction à ma carrière. J'ai rejoint Flamengo quand j'avais 15 ans et je n'ai jamais pensé à partir, mais j'étais très content de mon arrivée ici. Mon passage à Benfica s'est super bien passé. Il m'a aidé en tout et je lui dois tout. Il a facilité mon intégration et m’a apporté son aide", avait confié à Expresso l'ancien défenseur des diables rouges, désormais basé au Portugal. [caption id="attachment_8406" align="alignnone" width="300"] Gaspar Ramos, ancien vice-président et directeur sportif du Benfica[/caption] De son côté, l'homme d'affaires du Minho continue son ascension. En 1987, il attire le milieu Elzo qui signe au Benfica avant l’arrivée du trio de poids Ricardo Gomes, Valdo et Aldair. « Il connaissait très bien le marché brésilien et était donc l'homme idéal pour négocier. Il était libre de faire des suggestions mais n'a fait qu'intervenir dans le recrutement des joueurs choisis par Benfica et il l'a toujours très bien fait, avec des avantages pour le club », atteste Gaspar Ramos. La seule fois où ils ont eu un désaccord, c'est lorsque Ricardo Gomes rejoint le Paris Saint-Germain en 1991. Manuel Barbosa accepte la proposition du club francilien mais apprend dans le même temps que l’entraineur de l’époque des Rouges, Sven Goran Eriksson, a l'intention de garder le défenseur brésilien et d'ajouter un autre défenseur central du même calibre pour bien figurer en Coupe d'Europe. L'entraîneur du Benfica demande à Barbosa de ne pas en informer son protégé, Ricardo. Mais quelques jours plus tard, Ricardo frappe à la porte. Il souhaite quitter le club. Il prétend avoir une offre « 20 fois supérieure » au salaire qu'il perçoit à la Luz. Et il conclut : « M'empêcher d'y aller, c'est comme me priver d’une très grande opportunité ». Gaspar Ramos est persuadé que c'est Manuel Barbosa qui incite le Brésilien à quitter Benfica, mais l’homme d’affaire refusera toujours de l’admettre. Rui Barbosa révèle même que Bernard Tapie, avec qui son père était proche depuis le transfert de Mozer à Marseille, « propose un million de dollars » pour subtiliser Ricardo Gomes au PSG mais refus catégorique. « Pas question, j'ai déjà donné ma parole », répond Barbosa. « Mon père avait une maxime qui disait : 'Si j'échoue une fois, je ne ferai plus jamais affaire avec eux, alors je continuerai à faire affaire avec tout le monde et je n'échouerai pas ». [caption id="attachment_8404" align="alignnone" width="300"] Ricardo Gomes avec Manuel Barbosa à sa gauche[/caption] Très souvent, sa proximité avec ses joueurs était poussée à l'extrême. « Parfois, il était dictateur. Il imposait sa volonté comme il l'a fait avec mon frère et moi. C'était un père ». Paula ne cache pas qu'elle a apprécié l’attitude de son père lorsqu’il attirait l'attention de ses joueurs sur les choses importantes de leur vie privée – « si leur famille allait bien, s'ils envoyaient de l'argent à la maison, s'ils envisageaient d'avoir des enfants, d'acheter une maison et de se marier... », mais avoue avoir ressenti de la jalousie de temps en temps. Un jour, elle était au volant, avec des joueurs dans la voiture. Elle a dû trop appuyer sur l'accélérateur et on entendait la voix du père : « Paula, vas-y doucement, voici mes enfants ». J'ai fini par trouver ça drôle. Il s'est habitué à avoir une maison pleine de « frères » du Brésil. Et quand ce n'était pas les joueurs, c'était les amis. « Le frigo était toujours plein et quiconque nous rendait visite, restait pour le déjeuner. Mon père adorait voir les gens autour de lui heureux », raconte-t-elle, fière du "monstre social" qui "a toujours vécu à mille à l'heure". Au-delà de son sens très aigu de l’amitié, Manuel Barbosa était également un homme superstitieux et il ne s'en cachait pas. Lors de la finale de la Coupe d'Europe 1990/91 entre Marseille et l'Etoile Rouge de Belgrade à Bari, en Italie, il a tout fait pour attirer l'attention de l'entraîneur Franz Beckenbauer avant la séance de tirs au but. Barbosa a tenté de demander à l'Allemand de ne pas laisser le défenseur Manuel Amoros tirer un penalty. Après tout, non seulement il était arrière droit mais il portait le numéro 2 sur son maillot, exactement comme António Veloso, le joueur de Benfica qui, deux ans plus tôt, avait également raté un tir au but en finale de la Coupe des Clubs champions. Benfica s’était finalement incliné contre le PSV Eindhoven. Jusqu'en 1996, Barbosa place Ricardo Rocha, Zeferino, Tinaia, Agostinho et Secretario au Real Madrid, Rui Costa à la Fiorentina, transfert qui, selon lui, a "sauvé Benfica de la faillite", Raí au PSG, Paulo Bento à Oviedo, Toni et Jesualdo en tant que coach à Bordeaux et Carlos Alberto Parreira, un ami de longue date, à Valence puis à Fenerbahçe. Raí avait d’ailleurs reconnu qu'il « devait tout à Manuel Barbosa pour avoir réalisé son rêve de venir jouer en Europe ». Le joueur brésilien avait été transféré de São Paulo au Paris Saint-Germain en 1993. [caption id="attachment_8400" align="alignnone" width="300"] Rui Costa aux côtés de son agent, Manuel Barbosa[/caption] De l'équipe brésilienne qui a remporté la Coupe du monde en 1994, en plus de l'entraîneur, il représente Márcio Santos, Aldair, Ricardo Rocha, Mazinho, Branco et Zinho. Il était également l'homme d'affaires qui a représenté le plus grand nombre de joueurs de l'équipe nationale brésilienne lors de la Coupe du monde 1990, tous jouant pour des clubs portugais. Au milieu des années 90, il est à son l'apogée. Il a une clientèle qui atteint un pic de 140 joueurs. Attaché à ses joueurs comme à son apparence physique, il se rend très souvent chez son coiffeur de Brasilia, à Marquês de Pombal. Une fois, lors d'une journée bien remplie, un employé a oublié de laver ses lunettes et a dépensé les milliers d'escudos que Barbosa lui avait gracieusement donnés. Le lendemain, il s'est excusé et Manuel l’a finalement laissé avec son énorme bonus. Là-bas, tout le monde se souvient de lui avec tendresse. Il était là avec Mozer, Valdo et Raí et, chaque fois qu'il faisait une grosse affaire, il était certain que la générosité devait suivre. Si Barbosa récupère une commission de 5% lorsque Benfica vend un joueur qu'il représente, à l'étranger, il réclame désormais 15% dès qu'une acquisition est faite par son entregent. [caption id="attachment_8405" align="alignnone" width="300"] Manuel Barbosa, Valdo et Jorge de Brito[/caption] Les dessous des transferts de l’OM « Je suis bon, je suis le meilleur, je suis le monopoliste des joueurs brésiliens en Europe», déclare Manuel Ferreira Barbosa, l’un des meilleurs agents de l’époque. «Vous êtes bon, mais vous êtes cher», ajoute aussitôt le président Richarté. Alors que ses collègues touchent en moyenne 5% de commissions sur les transferts de joueurs dont ils s'occupent, Manuel Barbosa demande, lui, 10%. En 1989, pour faire venir le joueur brésilien du Benfica de Lisbonne Carlos Mozer sur le Vieux Port, il a même exigé de l'OM une commission de 15%, soit 4,2 millions, la plus grosse enveloppe jamais lâchée à un intermédiaire par le club phocéen à l’époque. L'histoire de ce transfert relativement banal est exemplaire de «la gymnastique, de l'acrobatie comptable permanente» en vigueur dans les grands clubs professionnels. Mais aussi du flou entretenu autour de leurs opérations financières. Manuel Barbosa, qui, agissant directement ou par l'intermédiaire de sa société, avait reçu de l'Olympique de Marseille, outre la somme de 1 850 000 F sur le transfert de Mozer, entre septembre 1989 et mars 1990, une somme totale de 1 774 000 F payées pour partie par chèques ou virements selon Le Monde. Le Marseillais Bernard Tapie lui avance même d’emblée la somme de 700 000 francs pour lui chercher des renforts. La somme en question lui avait également été remise en espèces et enregistrée par une facture intitulée «Avances sur frais d'honoraires en vue de transferts pour la saison 1990-1991». Et, en récompense du transfert de Mozer, il a droit à une BMW 850 qu'il gardera symboliquement toute sa vie. Officiellement, l'OM a versé 25,5 millions de francs au Benfica et a engagé Mozer à un salaire mensuel de 160 000 francs. Une rémunération presque ridicule eu égard à la valeur marchande et sportive du joueur à cette époque, et donc volontairement minorée afin «d'économiser» les charges pesant sur les deux parties. Mais, sur les 25,5 millions encaissés par le Benfica, le Brésilien, lui, prélevait 6 millions. «On aurait pu aussi lui faire un prêt fictif», admet benoîtement Jean-Pierre Bernès, l'ancien directeur général de l'OM à Libération. Jusque-là personne ne proteste. Bernard Tapie a fermement fixé le consensus minimum sur lequel tout le monde peut se retrouver: les joueurs, selon lui, exercent un chantage sur les clubs de foot et apportent des montages financiers leur épargnant impôts et frais fixes. Seulement, sur la question plus délicate des 4,2 millions consentis à Manuel Barbosa, c'est à chacun sa vérité. Pour Bernès, «la comm' était de 2 millions, pas plus. Le reste, eh bien, ce sont des sorties de fonds sans justification.» Tapie joue les incrédules: «Une comm' de 4 millions, mais c'est surréaliste, je ne comprends pas.» Barbosa, lui, s'énerve devant l'oubli ou la mauvaise foi qu'il dit déceler chez ses anciens partenaires. «Bien sûr que c'était 4 millions. Bernès ne dit pas la vérité.» Le président Richarté a sa petite idée sur cette supercommission: «Vous n'en auriez pas réversé une partie à certains dirigeants de l'OM ?» Tapie a le nez en l'air, Bernès regarde ses chaussures et Barbosa est franchement offusqué. «Jamais de la vie, c'est une offense.» Si le cas Mozer a suscité de nombreuses interrogations, ce sont les 2,5 millions de francs perçus par Barbosa pour renoncer à un droit de préemption sur le Brésilien Bebeto qui éveillent le plus les soupçons en France et le conduisent sur le banc des accusés en 1997. Dans un procès historique, Tapie comparait aux côtés de 20 prévenus, dont 11 sont des agents de joueurs. Manuel Barbosa est condamné en première instance à un an de prison avec sursis mais remporte ensuite l'appel et finit par être innocenté. [caption id="attachment_8401" align="alignnone" width="300"] Manuel Barbosa (D) agent sportif portugais soupconne d'avoir percu d'importantes sommes lors des transferts de footballeurs adresse un geste a ami avant de penetrer avec Ljubomir Barin (G) dans la salle d'audience du palais de justice de Marseille le 12 mai ou débute le proces des comptes de l'Olympique de Marseille dans lequel Bernard Tapie et 19 autres personnes sont accusés d'avoir participé à des détournements de fonds.[/caption] Un autre épisode malheureux survient en 2001 lorsque Barbosa est une nouvelle fois en négociation avec l’OM. Il illustre le climat malsain entourant le club phocéen. A cette époque, au retour d'un voyage de prospection en Amérique du Sud, avec mandat du club, il s'installe au Sofitel Vieux Port. Dans sa besace, plusieurs joueurs dont le Brésilien Fernandao pour lequel il possède des droits courant jusqu'à la fin du mois. Au téléphone, Tapie fait traîner le moment de la négociation. Et puis un soir, à l'hôtel, Barbosa se retrouve entouré de «costauds». «Il y a eu, disons, une forme de pression très forte, ils voulaient m'impressionner. Pas des menaces directes mais voilées. Le message était clair, je devais me tenir à carreau.» L'agent se réfugie dans sa chambre et prend contact avec son avocat. Quelques jours plus tard, il repart à Madrid. Sans aucun contrat. Barbosa n'a pas identifié les gros bras et n'a aucune preuve sur l'éventuel commanditaire de l'expédition. Cependant, les noms des agents Jean-Luc Baresi et Gilbert Sau, qui font la pluie et le beau temps à l’OM au début des années 2000, se dégagent mais sans preuve formelle. Il a une seule certitude: «Finalement, ils m'ont piqué tous les joueurs. Je ne retravaillerais plus jamais avec l'OM, du moins tant que Tapie et ses copains y seront». Les transferts suspects avec Alain Afflelou et les Girondins de Bordeaux Au-delà de l’affaire des comptes de l’OM, le nom de Manuel Barbosa figure également dans celle du lunetier Alain Afflelou, ancien président du club de football des Girondins de Bordeaux (de 1991 à 1996). En juillet 1998, au lendemain du sacre des Bleus au Mondial, Alain Afflelou a été placé en garde à vue par le juge d'instruction parisien Laurence Viechnievky sur les opérations douteuses d'une coopérative financière italienne, le Fondo Sociale di Cooperazione Europea. L'industriel a été interrogé sur des montages réalisés, via cet établissement, pour ses activités à la tête du club et pour d'importantes dépenses personnelles. Alain Afflelou était entré en relation avec la coopérative italienne par l'entremise d'un des responsables du Fondo, Ahmed Charly Chaker. Cet homme d'affaires de nationalité française, au parcours sulfureux, a été le président du Football Club de Brest Armorique au moment de sa mise en liquidation judiciaire. A cette époque (en 1992), le club bordelais était au bord du dépôt de bilan, à la sortie de la présidence de Claude Bez (un passif de 327 millions de francs), et avait les plus grandes peines à obtenir des soutiens du côté des banques françaises. Son successeur, Alain Afflelou, s'était démené pour assainir la situation, en créant notamment une SAOS (société anonyme à objet sportif) pour gérer l'équipe professionnelle.  En 1993, Alain Afflelou aurait investi 40 millions de francs auprès de cet établissement bancaire italien par l´intermédiaire de Charly Chaker, qui se présentait comme l´un de ses responsables. Le placement devait, explique Afflelou, lui rapporter de confortables intérêts : 13 % par an. Or le Fondo Sociale n´aurait jamais vu la couleur des 40 millions qui se seraient évaporés dans des paradis fiscaux. Alain Afflelou aurait, toutefois, réussi à se faire rembourser la moitié de sa mise de départ, sans en passer par des poursuites judiciaires. « Il est la victime dans cette affaire, c´est lui qui a perdu de l´argent », assure son entourage. L´opération, complexe, évoque une affaire de blanchiment. Selon l´enquête confiée à l´Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), le dépôt de fonds d´Afflelou au Fondo Sociale s´est curieusement doublé d´un prêt de cet établissement au club des Girondins de Bordeaux, par l´intermédiaire de sociétés offshore. Le célèbre lunetier s'était tourné vers l'homme d'affaires pour recruter des joueurs de classe internationale. Et le club bordelais avait pris contact avec le sulfureux et incontournable intermédiaire portugais pour les transferts de footballeurs sud-américains vers l'Europe, Manuel Barbosa. D'un montant supérieur à 20 millions, les sommes correspondant à l'achat de deux joueurs brésiliens (Marcio Santos et Valdeir) ont transité par les comptes du Fondo, au gré d'un parcours compliqué, via la société IOA de Manuel Barbosa à Madère (île spécialisée dans l'accueil des sociétés offshore). Le fameux intermédiaire portugais Manuel Barbosa (condamné dans l´affaire des comptes de l´OM) aurait touché des commissions sur le transfert des deux joueurs. C'est en vue d'apprécier le versement de commissions litigieuses que l'Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) avait effectué une perquisition au siège des Girondins. Alain Afflelou s´était vu interroger sur ses relations avec Charly Chaker et Manuel Barbosa, tous deux dans le collimateur de la justice. Quand il était président des Girondins de Bordeaux, le lunettier aurait bénéficié de leur aide pour acheter des joueurs sud-américains. L'enquête judiciaire sur les transferts suspects du PSG    En 2004, la justice française décide d’ouvrir une enquête sur les transferts de joueurs opérés par le Paris Saint-Germain entre 1998 et 2003. Les anciens dirigeants du club, qui estiment être responsables mais pas coupables, sont interrogés par les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset. Les responsables du club parisien ont évoqué devant les juges les conditions douteuses dans lesquelles un certain nombre de négociations ont été menées pour recruter ou vendre des joueurs : délégations de pouvoir, interventions des entraîneurs, agents à la réputation sulfureuse. Charles Biétry, président de mai à décembre 1998, Laurent Perpère, qui lui a succédé jusqu'en juin 2003, et Pierre Lescure, dirigeant entre 1994 et 2002 de Canal plus (propriétaire du PSG), tous questionnés en qualité de témoins assistés, ont dû s'expliquer sur les commissions versées aux agents de joueurs, objets des soupçons des enquêteurs. Une demi-douzaine de ces agents ont été visés par une série de perquisitions (Le Monde du 10 mars). Interrogé le 7 mars 2005, M. Biétry a indiqué qu'en tant que président, il n'était pas en contact directement avec les agents. "Le directeur financier, Pierre Frelot, négociait et me soumettait ses propositions. J'en référais à Pierre Lescure", a-t-il indiqué. Evoquant l'entraîneur Artur Jorge, M. Biétry s'est souvenu que le technicien portugais "voulait faire revenir le joueur brésilien Valdo". "J'ai refusé car je ne voulais pas avoir affaire à son agent Manuel Barbosa qui avait été condamné à Marseille, a-t-il précisé. Artur Jorge m'a également présenté un autre agent, D'Onofrio. Il a la même réputation que Barbosa et je n'ai pas voulu donner suite à l'entrevue que j'ai eue avec lui et Artur Jorge. (...) Le seul transfert, de mémoire, qui s'est fait avec Artur Jorge durant ma présidence, concerne le joueur portugais Helder. L'environnement du transfert m'est apparu douteux." Perpère a été longuement questionné sur les dessous du transfert de Christian. L'enquête a établi que, pour recruter ce joueur brésilien, le PSG avait versé en 1999, 11,2 millions de dollars à Manuel Barbosa avant de s'apercevoir qu'il ne s'agissait pas du bon intermédiaire selon Le Monde. Concernant l’agent portugais, M. Perpère a indiqué : "J'ai demandé son avis à Denisot qui m'a dit qu'il avait toujours eu de bonnes relations avec lui et qu'on pouvait lui faire confiance. Moi et Frelot avons donc signé des documents avec Barbosa. Quant aux virements, ce n'est pas moi qui les ai effectués, c'est le domaine de Frelot." "Dans l'opération de transfert Christian, la situation était très confuse, j'ai eu le sentiment qu'à tout le moins, Barbosa en a tiré avantage, voire même nous a roulés", a conclu M. Perpère. Au final, l’agent portugais ne sera pas inquiété dans cette affaire. Lors de son audition, Pierre Lescure, l'ancien président de Canal plus - par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde -, a dû s'expliquer sur le transfert de Christian. Il a affirmé : "J'ai été alerté par Perpère de la difficulté mais il avait délégation pour la régler. Je n'en sais pas plus.Toute position de monopole crée des situations pernicieuses, a ajouté M. Lescure à propos de Manuel Barbosa. La qualité extraordinaire des premières acquisitions de joueurs faites par son intermédiaire (Raï, Valdo et Ricardo) a sans doute trop plaidé en sa faveur ». Manuel Barbosa aurait même pu être impliqué dans la venue de Ronaldinho au PSG s’il n’avait pas perdu la main sur le joueur après un transfert non conclus au Havre, faute d’essais concluants (Mon parcours en ciel et marine, Alain Belsoeur, 2022) [caption id="attachment_8408" align="alignnone" width="300"] Christian, joueur du PSG entre 1999 et 2001[/caption] Néanmoins, selon Le Parisien, les magouilles du PSG n’avaient qu’un seul but : économiser les charges sociales et fiscales. Sous la présidence de Michel Denisot, Rai a bénéficié de ce système. Pour rappel, le capitaine de la Seleçao de l’époque, a été acheté en 1993 au FC Sao Paolo pour 2.6 millions d’euros via la société Mercury, qui appartient à Barbosa, l’agent de Rai. En réalité, seulement 1.985 millions d’euros iront au club brésilien. Rai percevra 340 842€ par Barbosa en guise de « salaires déguisés ». L’international brésilien touchera aussi à la fin de son bail au PSG 555 720€ via l’organisation au Parc de Princes, à l’été 1998, d’un festival brésilien retransmis par TV Globo. L’effondrement de l’empire de Manuel Barbosa En 1993, Manuel Barbosa figure parmi les 11 noms inscrits sur la première liste des agents accrédités par la FIFA avec son éternel partenaire Jorge Gama. Barbosa « a créé un métier », selon Jorge Manuel Mendes. « C'était mon idole. C'est comme les Portugais qui ont bravé la mer : au début, personne ne savait ce qu'il y avait de l'autre côté. Et il a ouvert des portes à tant de personnes qu'il y a aujourd'hui cinq ou six mille agents dans le monde » déclare Simao Sabrosa. Toutefois, à l'été 1994, l'entrepreneur portugais a vu son empire s’effilocher avec l'arrivée de la nouvelle génération d'agents dirigée par José Veiga (Superfoot) puis Jorge Mendes (Gestifute). Indirectement, Mendes est un élément clé de la transition de l'ère Manuel Barbosa à l'ère José Veiga, en termes de domination dans l'environnement concurrentiel des agents de joueurs. Lorsque Veiga détourne Simão de Mendes et l'emmène à Barcelone, en 1999, ce qui provoque la révolte de tous les agents, Manuel Barbosa n'a plus l'éclat des années précédentes et le rival en profite pour monter au perchoir. À la fin des années 1990, l'homme d'affaires a quitté la scène. "Je suis resté immobile pendant si longtemps parce que j'ai ma dignité. A cette époque, José Veiga s'en prend à Jorge Manuel Mendes et emmène Simão Sabrosa à Barcelone [1999]... Je ne pouvais plus continuer", expliquait-il dans une interview en 2007, dans laquelle il annonçait son retour aux affaires, mais sans la notoriété dont il avait bénéficié par le passé. L'implication du natif de Braga dans l'affaire Tapie l'avait écorné et certains transferts avortés, comme Marcelo et Paredão à Benfica, ont également ébranlé son statut. Parmi les derniers joueurs qu'il a représentés figuraient Agostinho, Maniche, Maurício Pochettino et Tinaia. Toutefois, les proches de l’agent stipulent que la perte de sa suprématie était plutôt dûe à un changement de priorités.  Au lieu de représenter les joueurs, son esprit était tourné vers un projet immobilier auquel il avait pensé dans les années où il organisait des stages. Il y a hypothéqué beaucoup d'argent et au fil du temps, il a perdu sa capacité financière. La fatigue des années sans vacances à s'occuper des affaires des joueurs aura également pesée. L'une des dernières batailles qui l'ont bouleversé a été le procès en diffamation intenté et remporté par Vale e Azevedo, dont la condamnation, en 2001, l'a contraint à verser une indemnité de cinq mille euros à l'ancien président de Benfica. C'est à cette époque qu'il a redirigé toute sa vie vers Braga. Grâce à un prêt bancaire, il a acheté Quinta de Jós, à côté de la rivière Cávado, dans le but de transformer l'espace en un site touristique et sportif capable d'accueillir les stages des équipes de football. Comme au bon vieux temps. Depuis les années 80, il a mûri l'idée et il mise tout son argent sur un projet comprenant un golf, trois terrains de football, 63 villas et deux hôtels. « L'erreur de mon père a été d'abandonner le football pour se consacrer exclusivement à son complexe », affirme Rui Barbosa, pour qui la perte de visibilité a aidé la banque à fermer le robinet du financement. Ceux qui côtoient Manuel Barbosa pointent avant tout un défaut : son incapacité à déléguer les tâches. C'était comme ça chez Mercury, dans le football et aussi dans son nouveau défi, comme en témoigne son fils. « Il voulait déjà être architecte et tout. Il indiquait à quoi devait ressembler le développement et les architectes n'avaient qu'à le dessiner. Il pensait qu’il pouvait être un expert en tout ». Ce qui pourrait ressembler à une critique n'est rien de plus qu'un constat. Et surtout, au-delà de mettre en péril sa stabilité financière, le père commençait à y perdre la vie. « Si nous avons des dettes, nous ne pouvons pas dormir. Si quelqu'un dit qu'il va rendre l'argent et ne le fait pas, la personne devient anxieuse, elle ne mange pas. Et c'était des années de ça ». Mercury non plus, n’a pas survécu à se divorce entre Barbosa et le football. L’intermédiaire portugais avait l'habitude d'injecter de l'argent provenant de transferts ou stages chaque fois qu'il y avait des besoins en espèces mais il ne pouvait plus se le permettre. Le déficit financier était identifié depuis longtemps mais l'homme d'affaires est toujours resté fidèle au principe de payer les salariés avant tout. Au final, il sera obligé de mettre la clef sous le paillasson. En 2007, la possibilité de faire son retour dans le football se présente. Noyé sous les dettes, le dirigeant du modeste club portugais de l'Atlético de Valdevez fait appel à Manuel Barbosa pour redresser l'équipe. « Mon père avait cette chose incroyable. Il était là à Quinta de Jós sans pouvoir faire avancer le projet. Parfois, il n'avait même pas d'argent pour manger - je ne veux pas dire au sens littéral mais dans le sens de ne pas avoir à donner -, mais si quelqu'un lui est apparu en difficulté c'était tout de suite : 'je résous' ». Il est resté deux saisons au club de seconde division avant de démissionner. Il a également été contraint de se débarrasser de la prunelle de ses yeux, Quinta de Jós. Mais le dernier coup dur, le pire de tous, sera ce cancer de l'estomac. Comme toujours, il refuse de se rendre. Dès qu'il a récupéré des séances de chimiothérapie, il a demandé à son fils de l'emmener à Santa Apolónia et a pris le train pour voir ses amis à Braga. Avec les encouragements de ses petits-enfants, il fait un effort pour se nourrir. Et plusieurs fois, il parle de récupérer Quinta de Jós alors que son fils insiste sur la priorité de vaincre la maladie. "Non, Rui, calme-toi, calme-toi". Ne jamais baisser les bras, tel est l'héritage laissé à sa famille par cet homme qui aimait dire "no sticks" et porter des cravates aux couleurs les plus variées, dans un style indéniable qui a dérangé sa fille jusqu'au jour où son père lui a dit : " J'ai créé ce personnage, laissez-moi le vivre". Car à chaque fois qu'il a eu les poches vides avant de devenir riche dans le football, Manuel Barbosa est sorti de nulle part. "Tu vois, Rui, avec mille escudos je peux faire une révolution" - disait-il à son fils. [caption id="attachment_8402" align="alignnone" width="300"] Manuel Barbosa quelques années avant sa disparition.[/caption] Malheureusement, en mars 2014, il succombe à son cancer. Ses funérailles auront lieu le lendemain, à Aveleda, à Braga, sa ville natale. Dans une interview accordée à Record, il avait partagé sa philosophie : "Je veux vivre heureux avec peu et pas malheureux avec trop". C'est ainsi qu'il est mort, "content de peu", le premier homme au Portugal à avoir fait fortune en tant que représentant des footballeurs.

Actualités

Jorge Mendes primé au Thinking Football Summit

Paulo Futre, Jorge Mendes et José Mourinho ont reçu les prix du Thinking Football Summit des mains de Pedro Proença Le mois dernier, le président de la Ligue du Portugal a décerné un prix à trois personnalités qui ont marqué l'histoire du football portugais. La deuxième journée du Thinking Football Summit avait été marquée par la remise des Prix du Mérite à trois figures mythiques du football portugais. Pedro Proença, Président de la Ligue du Portugal, a remis les distinctions à Paulo Futre, Jorge Mendes et José Mourinho, sous forme d'hommage pour les parcours de chacun d’entre eux en lien avec l'industrie du Football, ainsi que le rôle prépondérant dans l'affirmation du Portugal dans la vitrine du Football Mondial. https://twitter.com/tf_summit/status/1593981320065175555?s=46&t=9ybTIi8NncRVLQqZaD1DoA « C'est une fierté pour la Ligue du Portugal, l'espace que nous occupons au niveau international. Nous générons des talents dans tous les coins du monde", a commencé par dire Pedro Proença, dans son discours d'introduction à la cérémonie. "Nous avons le meilleur agent, le meilleur entraîneur, les meilleurs joueurs et les meilleurs arbitres, mais nous faisons aussi des choses extraordinaires au niveau de l'organisation. La force de la marque Liga Portugal et du fait d'être portugais est très claire et les hommes qui seront récompensés en sont un exemple. Ils nous remplissent de fierté et sont la marque qui nous fait comprendre à tous ce qu'est le Portugal", a-t-il ajouté. Jorge Mendes, quant à lui, n'a pas manqué de remercier la Ligue du Portugal, laissant des éloges sur l'organisation du Thinking Football Summit 2022. "C'est un prix qui me remplit de fierté. Si fier d’être récompensé par une grande institution portugaise. Félicitations pour cette excellente initiative qui a été un succès total. Comme c'est la première fois qu'il a lieu, c'est un événement très important, que tout le monde a salué ", a-t-il souligné. Enfin, le dernier lauréat de cet après-midi a été José Mourinho, qui n'a pas non plus été indifférent au moment de recevoir le prix, montrant sa reconnaissance à l'organisme qui régit le football professionnel : "Je veux remercier la Liga Portugal, en la personne du président Pedro Proença. La première fois qu'il m'a vu, il m'a mis dehors, et la dernière fois, c'était dans un Chelsea-PSG, quand nous sommes allés en demi-finale de la Ligue des Champions. Le temps passe, mais la considération augmente, et vous savez que vous pouvez compter sur moi pour relever le nom de la Ligue du Portugal. À Paulo et Jorge, c'est un honneur d'être ici avec eux. Ce sont de grands amis qui ont parcouru de longs chemins et qui continueront sûrement". https://twitter.com/polarissports/status/1594038563187720192?s=46&t=9ybTIi8NncRVLQqZaD1DoA

Réglementations

La FIFA valide sa nouvelle réglementation des agents de joueurs

Elle était attendue depuis plusieurs années, elle a enfin été entérinée après cinq ans de travaux. La nouvelle réglementation des agents de joueurs a été adoptée par le Conseil de la FIFA ce vendredi 16 décembre au Qatar a annoncé le président de la FIFA en conférence de presse. Si les débats ont énormément tourné autour des prochaines Coupes du Monde des Clubs (masculines et féminines) et les revenues de l’instance du football mondial, la sphère de la représentation sportive était également à l’ordre du jour. Le Conseil de la FIFA a fait un pas important vers l'établissement d'un système de transfert plus équitable et plus transparent en approuvant le Règlement des Agents de Football, qui vise à introduire des nouvelles normes de base pour les agents et leurs clients. Ses nouvelles directives comprennent entre autres un système de licence obligatoire, l'interdiction de la représentation multiple pour éviter les conflits d'intérêts et l'introduction d'un plafond sur les commissions. L’objectif étant de renforcer la stabilité contractuelle, de protéger l'intégrité du système de transfert et de parvenir à une plus grande transparence financière. Toutefois, il s’agit des grandes lignes. Gianni Infantino n’a pas souhaité donner plus de détails sur le nouveau cadre des transferts. https://twitter.com/garciasilvero/status/1603720490463420418?s=46&t=9ybTIi8NncRVLQqZaD1DoA Ce qu’implique les nouvelles réglementations Les agents sont, sans conteste, parmi les personnes les plus puissantes du football moderne. Les meilleurs d’entre eux, comme Jorge Mendes, l’agent de Cristiano Ronaldo, arrivent à enregistrer des commissions de chiffrant à plusieurs millions d’euros. Pour ce qui est de leur travail, il consiste à trouver un club, participer aux négociations et obtenir les meilleures conditions contractuelles pour le joueur. Tant de choses qui, depuis quelques années, ont contribué à écorner la réputation des agents de joueurs, perçus désormais de manière négative, tant leur influence est grande. Dans le nouveau règlement, selon The Athletic, qui était en préparation depuis bien longtemps, la double représentation - d'un club et d'un joueur impliqué dans une transaction - est désormais interdite, et des plafonds de commission seront imposés, ce qui pourrait permettre aux clubs  d'économiser des millions d’euros en frais. Par exemple, lors de la signature d'Erling Haaland, Manchester City a payé plus de 50 % des 51 millions de livres (montant du transfert) soit 34 millions de livres supplémentaires pour payer ses représentants, dont feu Mino Raiola (Rafaela Pimenta a repris les négociations) en tant qu'agent et Alfie Haaland, son père. Ces commissions feront partie du passé car les nouvelles lois prévoient "un plafond de 10 % sur ce que les agents représentant les clubs acheteurs et les joueurs signés peuvent recevoir d'un transfert". La proposition initiale qui était appliquée depuis 2018 prévoyait une approche 10-3-3 pour les commissions maximales : 10 % de l'indemnité de transfert lorsque l’agent travaille pour un club vendeur et 3 % du salaire de base d’un joueur lorsqu'il travaille pour le club acheteur ou représente le joueur. Si un agent travaille à la fois pour le club acheteur et pour le joueur, il peut doubler sa commission pour atteindre six pour cent du salaire du joueur. Les autres règles incluent : "Des limitations sur ce que ceux qui agissent au nom des clubs vendeurs peuvent également gagner sur les transactions ; une limitation sur les sommes versées aux membres de la famille qui ne sont pas des intermédiaires autorisés ; l'établissement d'une chambre de compensation par laquelle tous les paiements de transfert doivent passer." En outre, on s’attend à ce que l'examen d’obtention de licence d’agent refasse surface. Seuls quelques pays, comme la France, avait maintenu cet examen pour obtenir le précieux sesame. Ainsi, les membres de la famille du joueur ne toucheront plus de commissions sur les transactions à moins qu'ils ne soient officiellement licenciés par la FIFA. Ces changements étaient devenus une nécessité ces dernières années après que la FIFA ait décidé de déréglementer le secteur en mai 2015. On avait alors observé de nombreuses dérives : la double représentation, la prolifération des faux agents, les rétrocommissions etc. Les représentants de montrant prêt à tout pour gagner toujours plus d’argent. Les agents contre attaquent déjà Si les réglementations semblent plus justes pour les observateurs du football, elles ne sont pas du tout du goût des principaux intéressés, les agents de joueurs. En effet, ces derniers n’entendent pas voir leurs commissions plafonnées. Ceci constitue, selon eux, une entrave à la libre concurrence. Les plus grands d’entre eux ne souhaitent en aucun cas voir leur position dominante disparaître. Une action en justice pourrait être intentée contre la FIFA dans plusieurs pays du monde pour empêcher ces changements. La FIFA a laissé entendre que ses nouvelles règles permettront d’en finir avec les super-agents omnipotents. Dans son rapport annuel sur les transferts internationaux publié jeudi dernier, la FIFA a révélé que les clubs ont versé 623 millions de dollars cette année aux intermédiaires rien que pour les transferts transfrontaliers, soit une augmentation de près de 25% par rapport à 2021. Prévoyant et conscient des changements que souhaitaient opérés la Fédération internationale, les agents ont pris les devants. En 2019, les pointures de la représentation à l’instar de Jonathan Barnett, Jorge Mendes et Mino Raiola, ont uni leurs forces pour créer The Football Forum, une association internationale ayant pour but de veiller à la sauvegarde des intérêts des agents et des joueurs qu’ils représentent. Malgré le décès de Raiola il y a quelques mois, ses partenaires poursuivent leur lutte contre le plafonnement. La mise sur pied d’un fonds de 10 millions de dollars avait d’ailleurs été évoqué pour tenir tête à la FIFA. Quoi qu’il en soit, l’association a déjà dénoncé cette nouvelle régulation pour laquelle elle n’a pas été consultée, malgré une volonté concrète de travailler en collaboration avec FIFA sur la nouvelle réglementation « Le Forum du football a appris que le Conseil de la FIFA a approuvé aujourd'hui le "Règlement de la FIFA sur les agents de football" (le "Règlement"), conformément à plusieurs déclarations faites par la FIFA depuis 2019. Regulations" (le "Règlement") conformément aux plusieurs déclarations faites par la FIFA à cet égard depuis 2019. L'approbation a eu lieu dans le cadre d'une réunion qui n'a pas été annoncée au public, et encore moins aux agents qui en sont la cible, malgré tous les discours bien connus de la "nouvelle FIFA" sur la transparence. Cette approbation fait suite à plusieurs invitations de la FF à la FIFA d'établir un véritable dialogue au lieu d'essayer d'imposer un ensemble de règlements qui avaient été décidés avant que la FIFA ne prétende commencer à discuter avec un groupe d'individus qui prétendaient avoir une représentativité du secteur, malgré le fait que la FIFA sache parfaitement que ce n’était pas le cas. La FIFA a cependant choisi d'ignorer toutes les invitations du FF, car elle était consciente que tout dialogue sérieux ne pourrait jamais aboutir à la mise en œuvre de son plan orchestré » peut-on lire dans son communiqué publié sur Instagram. Et ce ne sont pas seulement quelques riches individus que la FIFA devra combattre pour faire passer ces réformes. Le secteur des intermédiaires du football est en plein boom. L'instance dirigeante du football mondial pourrait se retrouver avec plusieurs procès sur le dos contre Barnett & Co mais aussi certaines très grandes agences américaines de sport et de divertissement. https://twitter.com/mjshrimper/status/1603706725407653888?s=46&t=9ybTIi8NncRVLQqZaD1DoA  

Histoire des agents de joueurs

Quand Les Bermudes enregistrait leur premier agent de joueurs FIFA

Le 12 Mai 2014, la fédération de football des Bermudes a présenté Andre Pacheco, le premier agent de joueur FIFA du pays. C’était un moment historique pour la BFA dans la mesure où Andre avait le droit et l'autorité, selon les règlements de la FIFA, de représenter tout joueur des Bermudes. David Sabir, secrétaire général de la BFA déclarait à l’époque « Vous vous demandez peut-être comment Pacheco a pu obtenir cette distinction. Tout d'abord, Pacheco a dû passer l'examen d'agent de joueur de la FIFA administré ici aux Bermudes le 26 septembre 2013 au nom de la BFA. L'examen était composé de 20 questions ; dont 15 questions fournies directement par la FIFA. Ces quinze questions couvraient un éventail de sujets concernant divers aspects impliquant le football international, en particulier, ceux qui se rapportaient d'une manière ou d'une autre au statut des joueurs, qu'ils soient professionnels ou non, et aux diverses règles et règlements régissant les joueurs. Par exemple, le Règlement d'application des Statuts de la FIFA, le Règlement des procédures de la Commission du Statut du Joueur et de la Chambre de Résolution des Litiges, le Règlement de la FIFA sur le Statut et le Transfert des Joueurs, y compris les indemnités de formation et la catégorisation des clubs, le Règlement de la FIFA sur les Agents de Joueurs, le Règlement sur la Protection des Mineurs, le Calendrier International des Matchs pour la période septembre 2014 - juillet 2018, pour n'en citer que quelques-uns, ainsi que de nombreuses autres circulaires et annexes distribuées par la FIFA",poursuit Sabir.    Sabir a ajouté : « Les cinq questions restantes ont été fournies par la BFA et ne concernaient que les sujets relatifs aux règles et règlements locaux de la BFA. André a reçu un guide d'étude pour les questions de la FIFA et de la BFA. Par la suite, Pacheco devait obtenir une note égale ou supérieure à 15 sur 20 questions pour satisfaire aux exigences de l'examen. Ensuite, et dans le cadre des critères pour devenir un agent de joueurs sous licence, André a dû signer le Code de conduite professionnelle de la FIFA régissant tous les agents de joueurs sous licence de la FIFA et fournir la preuve d'une police d'assurance responsabilité civile mondiale d'un montant de 1 000 000,00 USD", a poursuivi Sabir. En conséquence de ce qui précède, j'ai le grand plaisir, au nom de la Fédération de football des Bermudes, d'avoir l'honneur de remettre à André la première carte d'identité d'agent de joueurs sous licence FIFA des Bermudes, numéro BFA001, le lundi 12 mai 2014 dans le bureau de la Fédération de football des Bermudes ».    Au-delà d’être agent de joueurs, Andre Pacheco est le fondateur et directeur général de Nexus Sports Group. Dans une interview accordée Sportsagentblog.com, l’intermédiaire dévoile comment est né sa passion pour le football business. Andre Pacheco était un joueur de football universitaire au Hartpury College, en Angleterre. Ensuite, il est retourné aux Bermudes où il est né et a grandi. Après avoir obtenu son diplôme en sciences du sport, il a décroché un emploi de professeur d'éducation physique adjoint mais il a vite compris qu’il souhaitait poursuivre ses études pour étudier l’industrie du sport. Il est donc allé à l’Université Brock (Canada) pour obtenir un diplôme en gestion du sport. A cette époque, son objectif est clair :  être impliqué dans le football. Il a donc travaillé auprès de sa communauté, dans le scouting et dans une agence sportive. Ces expériences l'ont conduit à créer, en 2012, sa propre agence de représentation d’athlètes qui s'occupe de joueurs de football: Nexus Sports Group. Dans la foulée, il a commence à collaborer avec Travis Mills, un autre agent. Le siège social de Nexus se trouve à Ontario, au Canada mais Pacheco opère également depuis les Bermudes. Son premier client était Robert Giacomi, le gardien de but canadien, avec lequel il travaille depuis la fin de l'année 2012. Au sujet de sa première transaction, Andre Pacheco déclarait “J'étais nerveux pour ma première négociation de contrat. J'y ai travaillé avec un partenaire. Il a pris les devants et je suis resté en retrait. J'ai absorbé et appris. Cependant, nous nous donnions des conseils et nous nous aidions mutuellement lorsque cela était nécessaire.” Aujourd’hui, Pacheco travaille toujours avec Roberto Giacomi, Ryan Maduro (anciennement des Red Bulls de New York), Sergio De Luca, Emanuele Ameltonis, Nick Palazzi, pour n'en citer que quelques-uns.  Pacheco évoque aussi sa fructueuse collaboration avec Andrew Ornoch “J'ai rencontré Andrew Ornoch, un joueur professionnel canadien qui jouait en Hollande à l'époque. Il aime travailler avec les jeunes joueurs et redonner à la communauté. Il voulait créer au Canada une académie de football appelée Dutch Connections FC, qui enseigne le style de jeu néerlandais aux joueurs de tous niveaux. Ce fut un honneur de l'aider à réaliser son rêve.” https://youtu.be/yaUIVGrUgG0

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Pogba est mentalement prêt à jouer pour la Juventus selon son agent

L'agent de Paul Pogba, Rafaela Pimenta, a évoqué l'état de préparation du milieu de terrain pour son retour sur les terrains après avoir été écarté par une blessure depuis l'été. Pogba était l'une des recrues estivales les plus attendues de Serie A au début de cette saison et les Bianconeri étaient ravis d'avoir pu obtenu la signature du milieu de terrain en fin de contrat avec Manchester United. Cependant, il s'est blessé lors de la pré-saison et n'a pas joué un seul match de compétition pour la Juventus depuis son retour au club. La Juve a su faire sans lui mais attend son retour sur les terrains avec impatience. Il est dans la phase finale de son rétablissement et devrait être opérationnel à la reprise des championnats, après la Coupe du Monde. Interrogée à l’issue d’une réunion de l’Association italienne des agents de football (IAFA), Rafaela Pimenta, agent de l’international français, s’est prononcé sur son état physique au micro de Tuttomercatoweb « Je ne veux pas parler pour lui. Mais à mon avis, il est mentalement prêt. Il a un grand désir et une grande envie de jouer. Physiquement ? Ils me disent tous que tout va bien là aussi, nous le verrons sur le terrain très prochainement ». Pogba devrait donc être disponible dès le mois de janvier. https://twitter.com/francescoiucca/status/1600148098868658176?s=46&t=FcH1kFujZgtNWTtzpc3PaA

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Rafaela Pimenta présidente d’honneur de l’IAFA

Rafaela Pimenta a été nommée ce mardi présidente d’honneur de l’IAFA, l’Association Italienne des Agents de Football. L’annonce a été faite par The Football Forum, mouvement dont elle vice-présidente. Pour rappel, le Forum du football est un mouvement international d'agents et de joueurs de football créé en 2019. C’est un forum où tous les participants peuvent contribuer à identifier, mettre en œuvre et développer les meilleures pratiques professionnelles des agences de football et les meilleures normes liées à l'emploi pour les joueurs de football, au bénéfice de ses membres et de l'ensemble de la famille du football. La nomination de l’intermédiaire brésilienne semble plus que logique tant elle maitrise le marché italien.  Elle permettra également de renforcer les relations entre les deux associations, IAFA et Football Forum. Elle remplace l’ancien président d’honneur de l’association italienne Mino Raiola, décédé quelques mois plus tôt. Rafaela Pimenta est la puissante avocate à la tête de One, l’agence de représentation de sportifs anciennement dirigée par Mino Raiola. Elle a hérité de la gestion de l’empire de l’ancien pizzaiolo avec qui elle a travaillé pendant près de 20 ans. One s’occupe notamment des intérêts de Paul Pogba, Zlatan Ibrahimovic, Erling Haaland ou encore Marco Verratti. https://twitter.com/footballforum01/status/1600245337410613248?s=46&t=FcH1kFujZgtNWTtzpc3PaA

Agents au féminin

Ellen Zavian, une pionnière de la représentation sportive aux Etats-Unis

De Charles C. Pyle à Scott Brass, le milieu des agents sportifs a connu de nombreuses mutations aux Etats-Unis. Ce n’est pas Ellen Zavian qui dira le contraire. Son nom ne vous dit probablement rien mais ce professeur de droit est l’une des pionnières de la représentation sportive version féminine au pays de l’Oncle Sam.      Son enfance  Ellen Zavian voit le jour le 15 juin 1963 et grandit à Maywood, dans le New Jersey aux côtés de ses parents et de ses frères et soeurs. Elle est originaire d’une famille très orientée vers le sport. Son père, Berj, a joué au basketball tandis que sa mère, Joan, était gymnaste. Son grand frère, quant à lui, pratiquait l’athlétisme et sa grande sœur le softball. Une famille qui vivait donc au rythme des activités sportives. Ellen, elle, était à cheval sur trois disciplines : le soccer, le volleyball et l’athlétisme. Elle s'est d'ailleurs très souvent qualifiée de bonne athlète sans toutefois être une très bonne athlète. Ses études et ses débuts professionnels   Elle a débuté sa carrière dans le sport lorsqu’elle n’était encore qu’étudiante à l’Université du Maryland. Elle y a obtenu un Bachelor en business management et marketing en 1985. En parallèle, elle travaillait alors au service des sports et loisirs de son établissement tout en occupant un poste au département marketing des champs de courses de l’état du Maryland le weekend. En 1988, elle obtint un Doctorat en droit à l’American University – Washington College of Law. Pendant qu’elle suivait ses études de droit, elle a effectué un stage à la National Football League Players Association (NFLPA), travaillant ainsi sous les ordres du célèbre membre du Hall of Fame de NFL, Gene Upshaw. « J'ai travaillé pour la Fédération de Football américain lorsque j’étais étudiante. J'ai eu beaucoup de chance car des gens haut placés m'ont pris sous leur aile et m'ont tout appris du milieu. Peu à peu, je me suis familiarisée avec les regles, avec les trucs techniques, avec le langage, et je me suis forgée un esprit Football américain ! » a-t-elle déclaré au journal National directory of women corporate counsel en 1998. La NFLPA étant l’organisation syndicale qui représente les joueurs de football américain évoluant en NFL. Elle officiera plus tard comme coordinateur NFLPA’s Native American project. Son parcours d’agent sportif Quelques temps après l’obtention de son diplôme, Zavian rejoint le Senior Management Group LLC à Philadelphie en Pennsylvanie, un cabinet juridique dirigé par l’agent sportif Brett Senior et au sein duquel elle a commencé à représenter des athlètes de haut niveau. Ellen y restera un peu plus de trois ans. En 1990, à 26 ans, elle devient la première femme avocate / agent de la NFL, représentant ainsi joueurs et entraineurs. Parmi ses clients au sein de la ligue de football américain, on peut citer entre autres John Booty, son premier client passé notamment par les New York Jets, Troy Brown, le MVP des New England Patriots, Frank Reich, Steve Tasker, Erik McMillan ou encore Tim Manoa. Un bon portefeuille à l'époque pour une "femme" qui arrivait dans la profession. Elle expliquera d'ailleurs lors d'une interview accordée à Stories from the Center of the Universe qu'il était difficile pour une femme de représenter des hommes en raison des préjugés liés à une profession essentiellement consacrée aux hommes. https://twitter.com/wise_soflorida/status/707645380650016769?s=46&t=hGKQieX4mkrYKQgRa5PtZg Alors qu’elle défend les intérêts d’acteurs du sport depuis plusieurs années, Zavian est approchée en 1995 par Julie Foudy et Carla Overbeck, les co-capitaines de l’équipe nationale américaine de soccer (USWNT). Ces dernières souhaitent obtenir de l’aide de la juriste pour négocier les contrats liant neuf joueuses à la Fédération Américaine de Soccer dont Kristine Lilly et Mia Hamm. Mia Hamm, qui se montrait confiante sur les aptitudes d’Ellen Zavian, disait d’ailleurs « Si elle pouvait représenter les hommes, j’étais confiante sur le fait qu’elle puisse nous représenter ». Les clauses à réviser stipulent que les femmes doivent impérativement remporter la médaille d’or aux Jeux Olympiques 1996 à Atlanta pour recevoir un bonus tandis que le contrat des hommes relève qu’ils percevront un bonus en cas d’obtention de la médaille de bronze, d’argent ou d’or. Une subtilité qui avait son importance et qui rendait les conditions d’obtention d’un bonus plus ardue pour les joueuses. Une fois saisi du dossier, Zavian a donc conseillé à Foudy et ses coéquipières de rayer les clauses contestées puis de renvoyer par fax les documents révisés à la Fédération, ce qui a provoqué une grève des joueuses. Malgré les pressions de la Fédération, Zavian et les joueuses tiennent le coup. Début 1996, elles obtiennent gain de cause. La fédération accède à leur demande et les joueuses, vainqueurs de l’édition 96, perçoivent un bonus sur les mêmes bases que leurs homologues masculins. En 2000, Ellen lancera sa propre agence sportive à Washington DC, EZ Negotiation Institute. Elle est connue pour être une redoutable négociatrice « Ellen est très qualifiée et une négociatrice bien préparée » déclarait Frank Reich, l’ancien quarterback des Buffalo Bills. Ellen Zavian a énormément contribué à l’amélioration des conditions des femmes dans le sport. Elle a notamment été à l’origine de la première convention collective du sport féminin à inclure une clause de congés maternité payés. Les contrats de deux des joueuses de football qui avaient des enfants en bas âge comportaient également une clause prévoyant des nounous rémunérées.  Au-delà du soccer et du football américain, Ellen Zavian a représenté des joueuses de Softball, des athlètes de sports extrêmes des skateurs et de break-dancers au début des années 2000. Elle a ainsi contribué à la création des associations d'athlètes extrêmes X-Game et Gravity Games (skateurs, bmx'ers et inliners) et de joueurs de breakdance.  Son implication dans le sport  Au niveau du sport universitaire, elle a occupé le poste de Commissaire de la Central Atlantic Collegiate Conference (NCAA). La National Collegiate Athletic Association, ou NCAA, est une association sportive américaine organisant les programmes sportifs de nombreuses grandes écoles et universités aux États-Unis. Aujourd’hui, elle enseigne le droit du sport à l’Université George Washington. En plus de ses multiples casquettes, Ellen est aussi une journaliste nationalement reconnue, travaillant au Washington Post depuis 2020 et rédacteur en chef au esportsandthelaw.com et mylegalbookie.com. Elle a aussi travaillé pour le Condé Nast’s Street & Smiths Sports Business Journal, NFL Weekly, et le Fairchild’s Branding magazine. Ses écrits et réalisations sont d’ailleurs régulièrement apparus dans Forbes, Sports Illustrated, The Guardian, Association of Corporate Counsel, et Sports Law Expert. Elle a également fait des apparitions sur CNN, CSPAN et NPR. Mme Zavian a été la directrice exécutive fondatrice de l'Association des joueuses de soccer de l'équipe nationale féminine, de l'Association de softball de l'équipe nationale féminine et de l'Association unie des skateurs professionnels (UPSA). Encouragée par la passion de son fils pour le break dance, elle a également créé l'United Breakin Association, une association mondiale de break-dancers de compétition, et a été nommée au groupe de travail de USA Dance qui a demandé et finalement obtenu l'approbation du Comité international olympique pour intégrer la discipline aux Jeux Olympiques de la Jeunesse 2018 et aux Jeux olympiques de Paris en 2024.  En 2019, Zavian a été sélectionnée par la FIFA dans le cadre de son initiative Pro Bono Counsel. Ce projet a pour but de donner la possibilité aux personnes ayant des moyens financiers limités de demander une aide juridique et de solliciter un avocat pro bono pour les aider à se défendre lors des procédures devant les organes judiciaires compétents de la FIFA. Deux ans plus tard, l’avocate est sollicitée dans le cadre du projet SafeSport International Board of Trustee.   En 2022, Zavian est devenu le premier avocat général de USA Lacrosse, l'organe directeur de la crosse aux États-Unis.  https://twitter.com/law360/status/1598361490825924613?s=46&t=hGKQieX4mkrYKQgRa5PtZg Distinctions La liste des réalisations de cette avocate depuis le début des années 90 sont considérables. Pour son apport dans le sport féminin, Ellen Zavian a reçu plusieurs distinctions tout au long de sa carrière. En 1992, Zavian se voit décerner le New Jersey Achievement Award. En 1997, elle fait son apparition dans le Top 20 des femmes les plus puissantes dans le sport selon le Women’s Sports and Fitness Foundation. En 2001, Zavian intègre le Hall of Fame Sports du Jewish Community Center of Greater DC.

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Eduardo Applebaum, 9 coups de fil + 2 mails = 1,5 million

Eduardo Hernández Applebaum est un homme qui sait compter. Onze jours de boulot, neuf coups de téléphone, deux mails, sept rencontres avec son joueur et les responsables des clubs impliqués : voilà les efforts qu’il a déployés en août 2015 pour le transfert du joueur Javier Hernández Balcázarde de Manchester United au Bayer Leverkusen. Pour ce job exténuant, l'agent basé à San Antonio (Texas) peut viser d'ici septembre 2017 une commission totale de 1,5 million d'euros payée en trois fois par le club allemand, si son joueur y reste jusque-là. Pas mal pour onze jours de travail à temps partiel. Ça vous met la journée à 136 363 euros. Il en a déjà touché les deux premiers paiements, pour 1,1 million. On le sait parce que Leverkusen a une politique originale qui gagnerait à être étendue : le club exige des agents qu'ils répertorient le travail qu'ils ont réalisé. Cela donne de jolis tableaux à quatre colonnes où l'agent doit noter la date, le thème, le moyen de contact et le résultat. Applebaum a donc consciencieusement rempli le « protocole » pour Chicharito : il y en a deux pages. Ça débute le 15 août, avec un coup de fil au Bayer « concernant l'avenir du joueur ». Le même jour, il informe le club que « JHB » – le joueur – « demande un peu de temps ». Le 19, il informe Manchester. Le 20, il reçoit l'offre du Bayer, et en discute « personnellement » avec le joueur. Le 22, il négocie tout aussi « personnellement » avec Manchester. Le 28, il reçoit l'offre du club allemand. Le 29, il « demande la décision finale du joueur ». Le 31, ils s'envolent pour Leverkusen pour signer un contrat de trois ans. Manchester United touche 10 millions, l’agent en encaisse 1,5. Bingo. L'histoire ne s'arrête pas là. Car Eduardo Hernández Applebaum a aussi un contrat avec le club, passé le 17 août 2014. Dans cet « accord de service », il s'engage à aider le Bayer à recruter Chicharito. Son travail consiste à le « convaincre de signer ». Mais l'agent reste libre de « choisir d’agir au nom du Bayer ou non ». La tactique assez répandue : l'agent agit, puis choisit, une fois le deal établi, s'il se déclare officiellement agent du club ou du joueur. Dans le même contrat, le Bayer requiert pourtant de l'agent qu'il assure « ne pas avoir de relation contractuelle avec le joueur » : ceci pour respecter la règle alors en vigueur qu'on ne pouvait être à la fois agent du club et du joueur. Règle purement virtuelle comme ce transfert le démontre. Surtout que le contrat entre l'agent et Leverkusen prévoit que si l'agent doit toucher une commission du joueur, elle ne sera « pas incluse dans la commission payée par le Bayer ». Cela couvre le club (il n'aura à régler à l'agent que la commission qu'il a définie en application de son accord, soit le 1,5 million d'euros évoqués plus haut) tout en n'empêchant pas l'agent de toucher un petit quelque chose du joueur... https://twitter.com/rene_tovar/status/638373047901093894?s=46&t=0dcqsAxcpjPAeCiXPwBqng Mieux : le Bayer inclut dans ce contrat une clause de « permission pour double représentation ». En clair, il « permet » à l'agent de représenter le joueur dans les négociations, notamment pour la négociation du salaire. « Bayer 04 Leverkusen tolère cela expressément. » Il indique que « le lien de famille entre l'agent et le joueur est connu ». Car l'agent est en effet un parent du joueur. Mais à la fin, il ne sera mentionné nulle part sur le contrat de Chicharito. https://twitter.com/fsradiomx/status/817131306341597185?s=46&t=0dcqsAxcpjPAeCiXPwBqng Source : Mediapart

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Laurent Gutsmuth : 45 000 euros la signature

Agent de paille ? Laurent Gutsmuth déteste l’expression. L’EIC l’a croisé dans un dossier où son rôle semblait pourtant aussi indispensable que famélique. Laurent Gutsmuth a joué, lors de l’arrivée de Javier Pastore au Paris Saint-Germain, le rôle d’honorable correspondant français du célèbre agent argentin Marcelo Simonian, qui ne dispose pas de licence pour travailler en France. On pourrait croire Laurent Gutsmuth millionnaire. Il reçoit 1 010 000 euros. Mais il en reverse un million à Simonian. Alors, 10 000 euros pour une signature ? Plus compliqué que ça, répond Gutsmuth. « J’ai aussi dû gérer une partie juridique. » Nous n’en saurons pas plus. Le fait d’avoir vécu en Amérique du Sud a permis à l’agent français de se faire un carnet d’adresses en or, et de compter, depuis six ans qu’il exerce cette activité, une dizaine de clients sud-américains, en plus de ses clients traditionnels, explique-t-il. Son premier client historique ? Thiago Silva. Enfin, Paulo Tonietto, l’agent brésilien, qui, lui non plus, n’avait pas de licence pour exercer en France. Coup de bol pour Gutsmuth, Tonietto négocie bien. Quand Thiago Silva prolonge au PSG, et passe d’une rémunération nette d’environ 6 millions d’euros à quelque 8 millions par an, Tonietto, touche 2 millions d’euros de la part du PSG. Un pourcentage hallucinant. Et Gutsmuth ? 45 000 euros. Là aussi, Laurent Gutsmuth fait valoir qu’il n’y a pas seulement la prolongation de contrat qui est rémunérée. Mais aussi un suivi, une relation, une aide, médicale ou logistique. « C’est une prime à la confiance. » Toujours pas agent de paille, donc ? « Non, mon rôle varie selon les joueurs. Avec Cavani, je fais plus de commercial. Mais si on me proposait un rôle de simple agent de paille, j’accepterais sûrement. » En attendant, le business des prolongations de contrats est lucratif sans être éreintant, surtout quand c’est le « vrai agent » qui négocie. Dans tous les cas, on peut penser que si les agents touchent autant pour une simple prolongation de contrat, c’est parce que les clubs les remercient de ne pas pousser leurs joueurs à partir.

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Nicky Blair : La manœuvre fiscale du fils de l’ex-premier ministre

C’est le premier gros deal d’un agent pas comme les autres. À l’été 2013, Nicholas Blair, dit « Nicky », parvient à vendre au FC Porto pour 8 millions d’euros le footballeur mexicain Hector Herrera, qui évoluait dans un club de Mexico. Une consécration pour le fils de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, alors âgé de 27 ans, qui a d’abord travaillé comme professeur des écoles puis comme avocat, avant d’embrasser la carrière d’agent de joueur. Mais derrière ce succès, qui a rapporté 300 000 euros de commission à Nicky Blair, se cache une sombre manœuvre. Les documents Football Leaks montrent en effet que Blair a agi à la fois comme agent du joueur et comme agent du club, ce qui est formellement interdit par la loi portugaise, au nom de la lutte contre les conflits d’intérêts. L’objectif de la combine est avant tout fiscal. Si la commission est versée par le club au joueur, il doit payer des impôts sur cette somme avant de rémunérer son agent, et doit s’acquitter en plus de la TVA. C’est pour cette raison que les clubs s’arrangent pour verser la commission directement à l’agent. Ça coûte moins cher et tout le monde y gagne. Mais c’est illégal au Portugal… sauf si l’agent travaille exclusivement pour le club. Des emails issus de Football Leaks montrent que Nicky Blair a été payé par Porto alors qu’il représentait le joueur Hector Herrera. En 2013, son club, le CF Pachuca, écrit que le joueur est « légalement représenté » par Magnitude, l’agence londonienne créée par Nicky Blair et Gabriel Moraes, l’un de ses amis rencontré à l’université d’Oxford. En mai 2013, Moraes écrit à Antero Henrique, directeur du football au FC Porto, au sujet de l’acquisition du joueur : « Vous trouverez ci-joint le contrat de représentation de Hector Herrera. Il est signé par mon associé Nicholas Blair. » Les négociations progressent rapidement. Le 20 juin, Nicky Blair envoie à Porto son contrat, qui stipule qu’il « représente le joueur ». Le lendemain, l’avocat de Porto renvoie une version amendée du contrat qui dit que Blair représente le club. L’agent lui renvoie une troisième version, où il écrit à nouveau qu’il représente le joueur ! Mais dans le contrat final, il est bien stipulé que Porto verse 300 000 euros de commission (payables en quatre ans) à Nicky Blair, officiellement parce qu’il était l’agent du club. Malgré nos documents, l’intéressé a assuré n’avoir jamais agi pour le compte de Hector Herrera lors de ce transfert et que tout a été déclaré aux autorités compétentes. Le FC Porto s’est refusé à tout commentaire. Source : Mediapart

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Constantin Panagopoulos : Le banquier occulte

Quand on exerce le métier d’agent, l’une des plus belles tirelires est le Zénith Saint-Pétersbourg. Situé dans la ville natale de Vladimir Poutine, le club est couvé par le président russe et financé par le géant des hydrocarbures Gazprom. De quoi financer des commissions démesurées en regard du pedigree des joueurs qui rejoignent le club de première division russe, dont le niveau n’est pas très relevé. L’agent brésilien Constantin Teodoro Panagopoulos en a bien profité. En août 2012, le Zénith achète au FC Porto l’un de ses poulains, Givanildo Vieira de Sousa, surnommé « Hulk », pour environ 50 millions d’euros. Le contrat d’agent, qui figure dans les Football Leaks, prévoit une gigantesque commission de 13 millions d’euros pour For Gool, la société britannique de Panagopoulos. L’agent a touché 26 % du montant du transfert, alors que la norme dans le milieu est plutôt de 10 %. Les transactions étranges de Constantin Panagopoulos ne s’arrêtent pas là. Histoire de solidifier sa relation avec Porto, l’agent fait également office de banquier occulte du club, sous couvert d’achat de parts de joueurs. C’est justement ce qui s’est passé pour Hulk, quelques mois avant son transfert en Russie. En mars 2012, For Gool fournit 4,5 millions à Porto, une partie sous forme de prêt et l’autre en échange de 10 % du joueur. Quatre mois plus tard, lorsque le Zénith achète Hulk pour 50 millions, Panagopoulos aurait donc dû toucher 10 %, soit 5 millions. Mais l’agent y renonce subitement, exigeant uniquement le remboursement du prêt ! Une générosité inexplicable, si ce n’est par le fait que l’agent a agi comme un pur financier, et n’a jamais eu l’intention d’acheter des parts du joueur. Autre micmac avec l’international mexicain Héctor Miguel Herrera, arrivé à Porto en 2013. Le joueur s’avère très décevant. En février 2015, le club donne un mandat de vente de Herrera pour 30 millions d’euros – un montant absurde, qui n’a aucune chance d’être atteint. En échange, l’agence de Panagopoulos verse 5 millions à Porto, qui devra rembourser 5,25 millions en septembre. C’est exactement ce qu’il est advenu. En clair, il s’agissait d’un prêt avec intérêts dissimulés derrière un faux contrat d’agent. Ces manœuvres occultes ont éveillé la suspicion de l’UEFA. En 2012, la Fédération européenne de football avait dénoncé For Gool aux autorités anglaises, au sujet du montage financier lié à l’arrivée du Brésilien Walter au FC Porto. Une enquête pour blanchiment a alors été ouverte au Royaume-Uni. On ignore ce qu’elle a donné. Mais For Gool poursuit toujours ses activités. Source : Mediapart

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Soren Lerby : Lui et sa femme, agents couple

Soren Lerby est un ancien joueur danois emblématique des années 1980. Personne ne l’a oublié à l’Ajax d’Amsterdam, au Bayern Munich et au PSV Eindhoven. Un joueur intraitable, irascible, qui meugle sur le terrain, et terrorise jusqu’à ses coéquipiers. Comme Wim Kieft, qui lui confie un jour avoir peur de tirer les pénaltys : il craint de pleurer en cas d’échec. Lerby rit, et rapporte la confidence à l’ensemble de l’équipe. Soren Lerby importe ses méthodes très particulières quand il plonge dans le business, après une séquence d’entraîneur ratée, puis une expérience de vendeur de viande. Au sein de sa société Essel, il s’associe avec sa femme Arlette. Ils n’hésitent pas à recruter des enfants de 15 ans, ce qui est interdit par la loi. Et à négocier des pourcentages à la revente de ses joueurs, ce qui n’est pas plus permis. Plus fort encore, ils passent outre aux règles les plus élémentaires qui visent à empêcher les conflits d’intérêts. Le 25 janvier 2013, le footballeur néerlandais Wesley Sneijder débarque à Galatasaray. Il vient de signer un lucratif contrat de trois ans et demi. Son agent ? Soren Lerby. L’agent du club turc ? Arlette van der Meulen, sa femme. Le site internet de leur société Essel expose : « Nous représentons toujours le joueur ou le club. » À Istanbul, la société s’est cependant assise des deux côtés de la table des négociations, avec la permission de Galasataray. Le jackpot a ainsi été multiplié par deux. Source : Mediapart