Quand on exerce le métier d’agent, l’une des plus belles tirelires est le Zénith Saint-Pétersbourg. Situé dans la ville natale de Vladimir Poutine, le club est couvé par le président russe et financé par le géant des hydrocarbures Gazprom. De quoi financer des commissions démesurées en regard du pedigree des joueurs qui rejoignent le club de première division russe, dont le niveau n’est pas très relevé.
L’agent brésilien Constantin Teodoro Panagopoulos en a bien profité. En août 2012, le Zénith achète au FC Porto l’un de ses poulains, Givanildo Vieira de Sousa, surnommé « Hulk », pour environ 50 millions d’euros. Le contrat d’agent, qui figure dans les Football Leaks, prévoit une gigantesque commission de 13 millions d’euros pour For Gool, la société britannique de Panagopoulos. L’agent a touché 26 % du montant du transfert, alors que la norme dans le milieu est plutôt de 10 %.
Les transactions étranges de Constantin Panagopoulos ne s’arrêtent pas là. Histoire de solidifier sa relation avec Porto, l’agent fait également office de banquier occulte du club, sous couvert d’achat de parts de joueurs.
C’est justement ce qui s’est passé pour Hulk, quelques mois avant son transfert en Russie. En mars 2012, For Gool fournit 4,5 millions à Porto, une partie sous forme de prêt et l’autre en échange de 10 % du joueur. Quatre mois plus tard, lorsque le Zénith achète Hulk pour 50 millions, Panagopoulos aurait donc dû toucher 10 %, soit 5 millions. Mais l’agent y renonce subitement, exigeant uniquement le remboursement du prêt ! Une générosité inexplicable, si ce n’est par le fait que l’agent a agi comme un pur financier, et n’a jamais eu l’intention d’acheter des parts du joueur.
Autre micmac avec l’international mexicain Héctor Miguel Herrera, arrivé à Porto en 2013. Le joueur s’avère très décevant. En février 2015, le club donne un mandat de vente de Herrera pour 30 millions d’euros – un montant absurde, qui n’a aucune chance d’être atteint. En échange, l’agence de Panagopoulos verse 5 millions à Porto, qui devra rembourser 5,25 millions en septembre. C’est exactement ce qu’il est advenu. En clair, il s’agissait d’un prêt avec intérêts dissimulés derrière un faux contrat d’agent.
Ces manœuvres occultes ont éveillé la suspicion de l’UEFA. En 2012, la Fédération européenne de football avait dénoncé For Gool aux autorités anglaises, au sujet du montage financier lié à l’arrivée du Brésilien Walter au FC Porto. Une enquête pour blanchiment a alors été ouverte au Royaume-Uni. On ignore ce qu’elle a donné. Mais For Gool poursuit toujours ses activités.
Source : Mediapart